Pour un pacte de compétitivité et d’emploi ?

Publié le par Jacobin

Dans un communiqué de son Bureau national, le PS oppose au « pacte de compétitivité » de Merkel-Sarkozy, son propre “Pacte de croissance, de solidarité et d'emploi”.

Dans cette intention, le PS propose “de mettre en place un salaire minimum dont le montant serait établi, Etat par Etat, en tenant  compte du développement économique national. Un seuil commun pourrait être défini, sur la base d’un pourcentage de chaque niveau de salaire national moyen. L’établissement d’une assiette commune de l'impôt sur les sociétés, avec un taux d’imposition minimal, mettra fin à la mise en concurrence des territoires.” Savant dosage devant permettre de respecter la concurrence libre et non faussée des Traités européens votés par le PS, mais devant donner l’illusion d’une possibilité de politique sociale européenne.

De la même manière, l’évidence des dégats provoqués par l’acceptation du libre-échange mondial conduit le PS à proposer que les normes sociales et environnementales soient intégrées aux traités commerciaux internationaux, pour passer du « libre échange » au « juste échange ». Qui peut croire à une telle promesse? 

Faisant écho aux propos du PS français, les dirigeants des Partis socialistes de l’Union européenne se sont réunis à Athènes le 4 mars. Ils ont dénoncé la volonté des gouvernements  de droite « d’institutionnaliser l’austérité, de diluer nos modèles sociaux et nos systèmes de protection sociale », et celle de la Commission européenne d’imposer « le renforcement des mesures d’austérité », d’intervenir « dans le cadre de la négociation collective pour abaisser les salaires et réduire l’emploi », et de « remettre en cause la souveraineté des Etats membres et menacer le droit à la négociation collective».
Bravo! Comment ne pas partager ce diagnostic?

Le PS feint de s’opposer à l’Union Européenne

Mais cette politique est-elle contradictoire avec les objectifs de l’Union Européenne tels qu’ils sont énoncés dans le projet de Constitution européenne et dans les Traités fondateurs de l’UE? Institutionnaliser l’austérité, n’est-ce pas une injonction fréquemment répétée de la Commission enjoignant aux Etats de respecter les fameux critères de convergence et de ramener les déficits en deça des 3%? Toutes choses qui supposent de tailler dans les dépenses des Etats, de tailler dans l’emploi public et les dépenses sociales?
Intervenir dans le cadre de la négociation collective pour abaisser les salaires et réduire l’emploi? Mais n’est-ce pas déjà le cas lorsque la plupart des négociations collectives échouent malgré les mobilisations sociales les plus fortes?
Remettre en cause la souveraineté des Etats membres et menacer le droit à la négociation collective? N’est-ce pas devenu une habitude de la Commission de l’UE qui se comporte en véritable super-gouvernement donnant des ordres et fixant les sanctions contre toute autonomie des Etats nationaux?
Comment enfin critiquer le projet Merkel-Sarkozy de Pacte de croissance alors que Zapatero a souligné qu'il faisait sienne l'idée d'Angela Merkel d'un "pacte de compétitivité" européen. “Après avoir adopté un budget 2011 d'austérité et une réforme pour rendre plus flexible le marché du travail, le gouvernement socialiste (espagnol) vient d'approuver une réforme des retraites et a engagé l'assainissement accéléré des caisses d'épargne... L'Allemagne a multiplié les mises en garde sur les déficits excessifs des pays les plus faibles de la zone euro.” (Le Monde 3/2/11)
Comme toujours, les PS se déclarent opposés au capitalisme quand ils sont dans l’opposition, mais se reconvertissent facilement en serviteurs réalistes dès qu’ils sont au pouvoir.

Pour le PS «L’Europe est en de mauvaises mains»

C’est la conclusion des leaders socialistes européens réunis dans la capitale grecque. « L’Europe est en de  mauvaises mains. » Ainsi, il suffirait que les socialistes  reviennent au pouvoir pour que l’UE change de politique? 
Est-il possible de croire qu’on peut changer une Europe conservatrice et lui imposer une “stratégie pour l'emploi, la croissance et le progrès social"? Peut-on reprocher aux conservateurs européens de sacrifier les principes fondamentaux européens ? Quels sont ces principes? N’est-ce pas la concurrence libre et non faussée qui amène les délocalisations, les privatisations, la destruction des services publics et de la protection sociale? N’est-ce pas l’obligation impérative et sous peine de sanctions de respecter l’équilibre des dépenses publiques qui génère la destruction des emplois et des services publics?
Comment croire qu’il suffirait de changer les dirigeants politiques pour que cette Union Européenne change de principes et de politique? Zapatéro en Espagne comme Papandréou en Grèce ne font-ils pas la démonstration du contraire? L’action d’un Jospin signant avec Chirac à Barcelone l’obligation de retarder l’âge de la retraite avait démontré la même chose : il ne suffit pas que l’UE change de mains pour qu’elle applique une politique différente.
Alors, faut-il continuer à soutenir cette Union Européenne de la concurrence, ou faut-il s’en désolidariser? La question est posée pour les socialistes.     AP

Publié dans Défense du socialisme

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