Les "danseuses" de la gauche parisienne

Publié le par Jacobin

Après les cafés citoyens sur la Bièvre, la piétonnisation des voies sur berge au centre de Paris. La gauche parisienne parait bonne fille avec les bobos. Mais est-ce seulement avec eux?


Devant les jeunes qui cherchent en vain un travail, les millions de travailleurs qui manifestent contre le projet Sarkozy sur les retraites, les élus de gauche cachent mal leur malaise (voir ci-dessous). Mais dès qu'il s'agit de conquérir les voix écologistes pour les prochaines échéances, ils n’hésitent plus : ils passent aux actes. Oubliées les augmentations des impôts locaux. De grands projets marqueront, comme en ont l'habitude les Présidents, la gestion de la gauche. Exemples à Paris et dans le Val de Marne, mais que l’on peut retrouver dans la plupart des départements. Deux projets emblématiques qui ne vont certainement pas changer la vie des travailleurs parisiens ou val de marnais mais bien peser sur eux.

A Paris, « le maire de Paris propose un traitement différencié des deux rives. Concrètement, la rive gauche sera fermée à la circulation automobile sur plus de 2 km, de Solferino à l'Alma. La rive droite, cette "autoroute urbaine" sera transformée en un boulevard parisien moderne, et harmonieux, équipé de feux rouges, où cohabiteront piétons, circulations douces et voitures ».

Dans le 94, les « cafés citoyens de la Bièvre, c’est une occasion à saisir pour découvrir les tronçons qui seront réouverts à travers des visites sur site, mais aussi donner votre point de vue, faire part de vos attentes et propositions sur la manière dont nous pourrions faire vivre ces nouveaux espaces de nature en ville. Bref, c’est prendre la parole pour imaginer ensemble une rivière vivante ! »

C'est beau comme du Verlaine, mais qui paye? Combien? 
Pour Paris le budget prévisionnel examiné en juillet 2010 est le suivant : Le budget du réaménagement des voies sur berges est de  40 millions d'euros, dont, pour les «objets flottants » (une dizaine de barges ou éléments flottants sur les deux rives) : 10 M€ et pour un  Archipel d’îles artificielles : 2 Millions d’euros auxquels il faut ajouter 2 M d’euros de fonctionnement.
En comparaison, le budget des crêches 2009 était de 71,95 M d'euros en fonctionnement et 57,25 M d'euros en investissement. Les 40 M d’euros d’aménagement des berges permettraient presque de doubler le nombre de places de crêches. Il est vrai que les frais de fonctionnement (salaires) ne seraient pas comparables aux 2 M d’euros d’entretien des gradins devant le musée d’Orsay.
Quel serait le coût de la remise à jour de la Bièvre? Mystère pour l’instant. Mais il semble clair que l’augmentation de 4% des impôts locaux dans le Val de Marne, qui a permis de ponctionner 12,6 M d’euros en 2010 sur les ménages, pourrait être mieux employée qu’à exhumer la Bièvre. Le Conseil Général du 94 a réduit de 20 M d’euros les dépenses pour les services départementaux, et a supprimé les 3,9 M d’euros de subvention aux crêches municipales.
Alors, peut-on d’un côté engager des dépenses aussi peu urgentes et d’un autre reporter sur les populations la pression financière organisée par le gouvernement au nom du respect des sacro-saints critères de Maastricht? Le gouvernement est attelé à récupérer 100 milliards de dépenses publiques sur le dos des collectivités territoriales. Il attend des élus, quelle que soit leur couleur politique, qu’ils relaient l’exigence de l’Union Européenne, qu’ils fassent “le sale boulot”.
Ce n’est pas le mandat donné par les électeurs. Pourquoi les élus locaux devraient faire payer la population plutôt que de rester fidèles à leur mandat? Pourquoi feraient-ils des choix qu’ils n’ont pas présenté lors des élections? En République, le débat démocratique permet de résister, personne n’est obligé de se renier. C’est le dilemne de tous les élus. Nous devons les encourager à résister, malgré les pressions exercées par le gouvernement et ceux qui acceptent cela comme une fatalité. AP

Publié dans Défense des communes

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