PS : où s'en vont les camarades?

Publié le par Jacobin

Les propos de M. Valls pour préparer “une forme d’union sacrée” avec Sarkozy sur les retraites (“Pas de tabous, il y a des déficits qu’il va falloir combler”) ou sur la gestion de la dette ne représentent pas le PS à eux seuls. Les positions sont très partagées sur presque tous les sujets et les débats font rage (enfin, surtout sur les primaires ). Mais certaines prises de position donnent une impression plus socialiste que d’autres.
Benoît Hamon, par exemple, réunissant son courant avec Henri Emmanuelli, a affirmé :” Il n’y aura pas de nouveau modèle de développement, il n’y aura pas en 2012 de politique de gauche, à règles commerciales constantes, à règles budgétaires constantes et règles monétaires constantes, ou, sinon, il faut dire tout de suite que celui que nous
voulons élire est le Papandréou français”. Un Papandréou français serait “un homme qui s’acquitte d’une tâche qu’il n’a pas souhaitée et qui correspond à la restauration de l’ordre ancien avec la réduction des dépenses sociales, du
nombre de fonctionnaires...”
Et il poursuit : “ Or aujourd’hui, qu’est-ce qu’on entend y compris dans nos propres rangs? On nous demande d’être crédibles! Comprendre crédibles vis-à-vis de la Commission européenne, du FMI, du secteur bancaire, là où nous  devrions être crédibles vis-à-vis des salariés français, européens, des retraités, des citoyens qui supportent les poids et conséquences d’une crise où ils n’ont aucune responsabilité.”
“Ce qui se passe en Grèce peut se passer dans d’autres pays européens” et “il y aura des voix pour commander à la gauche... de mettre en place une politique de rigueur et d’austérité. On nous demandera d’élire le ou la Papandreou français”.
Nous ne saurions lui donner tort ! Mais la soumission de son parti à l’UE ne joue-t-elle aucun rôle dans tout cela? Immédiatement, les gardiens du temple capitaliste, opposés au retour aux valeurs du socialisme lui ont expliqué sans trop de ménagements qu’il avait fait un “faux pas”, que c’était une “faute politique”! Et pour cela, JC Cambadélis n’hésite pas à utiliser l’artillerie lourde: “L’ordre ancien pour Papandréou, c’est celui des colonels!”, ajoutant pour masquer le coup de massue “C’est la nouvelle démocratie qui est responsable de la banqueroute, cette droite aveuglée par le libéralisme financier. Qu’aurait dû faire le PASOK? Renoncer au pouvoir? Faire comme si la crise n’était pas là? Redresser le pays est aussi l’honneur d’un socialiste.”
L’avertissement est clair : il n’y a plus de place depuis longtemps dans le PS pour une politique socialiste. A partir du moment où le PS accepte (avec enthousiasme) la politique de l’Union Européenne, la concurrence, la destruction de tous les services publics, les privatisations et le démantèlement de la République par la régionalisation, il est difficile de prévoir où s’arrêtera l’acceptation des dicktats de Wall Street et du FMI contre les peuples. On comprend dès lors que certains veuillent changer le nom de ce parti, qui ne peut que les encombrer par le rappel qu’il symbolise.
Que feront les camarades de Hamon et d’Emmanuelli? Ils ont raison de se battre, mais pour avoir suivi ce chemin, nous savons quel est son aboutissement : la soumission ou l’exclusion de fait.
Combien de dizaines de milliers de socialistes sont aujourd’hui hors de tout parti dans notre pays? Qui peut affirmer qu’ils n’ont pas gardé au fond d’eux-mêmes l’espoir d’une société socialiste, de services publics au service de tous et d’un accès égal sur tout le territoire? Qui peut croire qu’ils ne sont pas révoltés par les dénis de démocratie que représentent à leurs yeux le fonctionnement de leur parti et celui de la République?
Quelle force ne constitueraient-ils pas s’ils commencaient par se regrouper pour commencer à discuter des premiers pas à faire ensemble pour reconquérir la démocratie et le socialisme ? Cet espoir d’un socialisme maintenu existe largement. Discutons-en. C’est l’objet de nos réunions sur Jaurès. Venez-y nombreux.
Aimé SAVY

Publié dans le Bulletin Réflexions de Mai 2010

Publié dans Réflexions

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